Compositeur français né en 1970, Geoffroy Drouin est diplômé du CNSM de Paris (classes de Gérard Grisey, Marco Stroppa, Michaël Lévinas, Marc-André Dalbavie). Après un passage à la Fondation Royaumont où il bénéficie du soutien de Brian Ferneyhough et de Jonathan Harvey, il intègre le cursus de composition et d'informatique de l'Ircam en 2002. Il noue là-bas des amitiés musicales multiples, et se voit proposer une collaboration avec l'institut en tant que compositeur en recherche. Dans le prolongement de sa résidence, le Centre Pompidou lui consacre un concert-atelier pour sa pièce Crispy Grain, écrite pour trompette et électronique. Ses œuvres sont jouées en France comme à l'étranger, et font l'objet de nombreuses commandes (État, festival, radios). Parmi ses interprètes et commanditaires, signalons l’Orchestre Philharmonique de Radio France, le Chœur de Radio France, les ensembles Intercontemporain, 2e2m, Court-Circuit, L’Itinéraire, Tm+, Alternance, Ex Novo, Ictus, le bassoniste Pascal Gallois, l’altiste Garth Knox, l’Ircam, les festivals Présences, Time of Music (Finlande), Susaa (Danemark), Controtempo, Suona Francese, Nuova Consonanza, Urticanti, La Fenice, la Villa Médicis, le Palais de Tokyo, le Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia.
Parmi ses dernières œuvres, Geoffroy Drouin a composé une fresque pour chœur et récitant, Il Paradiso, sur les derniers chants du Paradis de la Divine Comédie de Dante. Commande de Radio France, l'œuvre a été sélectionnée pour participer au concours international du Prix Italia 2015. Récemment, le Palais de Tokyo l’a programmé pour une nouvelle œuvre avec chanteuse et électronique, L’éloge du manque, dans le cadre de l’exposition « Le bord des mondes ». Enfin, il vient de terminer Le syndrome de Stendhal pour l’Ensemble Orchestral Contemporain en partenariat avec le Centre national de création musicale Grame à Lyon. L’œuvre pour grand ensemble et électronique a été créée en janvier 2017 à Lyon sous la direction de Pierre-André Valade.
Docteur de l’EHESS, Geoffroy Drouin est par ailleurs l’auteur d’une thèse consacrée à la philosophie dialectique et l’écriture musicale, autour de question épistémologique de la notion d’émergence. Son travail sera prochainement publié aux éditions Delatour (collection Musique et Philosophie). Il participe à de nombreux colloques et publications, et a pris en 2008 la coresponsabilité d'un nouveau cycle de séminaires de composition dans le cadre des Samedis d'Entretemps à l'Ircam. Il a enseigné au Conservatoire du Centre de Paris, ainsi qu'à l'Université de Versailles Saint Quentin-en-Yvelines.
Lauréat de l'Académie de France à Rome, il a été pensionnaire à la Villa Médicis d’avril 2012 à octobre 2013.
"La musique de Geoffroy Drouin, foisonnante et riche dans sa facture, s'amorce toujours dans la confrontation de l'hétérogène. Cette rencontre de la différence dans le matériau musical est pour lui l'occasion de déployer ses stratégies d'écriture qui permettront in fine d'organiser et de révéler musicalement les différentes tensions que suscite une telle confrontation, tout en leur assurant une cohérence globale ; bref, dans ce conflit vertueux et délibéré de singularités, c'est de faire sonner la partition dont il est question. Sa complexité revendiquée est ainsi à comprendre non pas comme un bariolage de signes musicaux à donner la migraine à plus d'un, mais bien plutôt comme le résultat de l'émergence d'une surface musicale irréductible, témoignant du rapport fructueux de cette confrontation initiale. Cette émergence, Geoffroy Drouin aime à la considérer comme la figure d'une trace, laissée à la surface de la partition. Perçue au premier plan par l'auditeur, elle est néanmoins marquée par l'empreinte d'opérations sous-jacentes et souterraines, qui, pour le coup, échappent apparemment à l'écoute, mais dont la présence témoigne de l'histoire de l'œuvre et de sa consistance.
Se définissant musicalement volontiers comme épicurien, cette spéculation dans l'écriture est toujours portée par une soif de sonore, qu'il consomme volontiers avec boulimie. Sensible autant aux manipulations raffinées et sophistiquées de timbres, qu'à une écriture gestuelle dense et engagée, la musique de Geoffroy Drouin se joue des techniques exclusives propres aux différents courants esthétiques. Pourtant très loin d'une attitude postmoderne, il fuit les emprunts et les collages avec véhémence, c'est plutôt l'occasion pour lui de s'adonner à une forme d'élasticité dans l'écriture, qui lui garantit vitalité et souplesse. On l'aura donc compris, c'est bien plus la contradiction que les positions fermées qui stimule son travail. C'est essentiellement dans cette résistance que sa musique y trouve ce souffle singulier."
Ensemble Court-circuit